Monique Cras est une peintre africaniste et une musicienne, née le 10 septembre 1910 à Brest. Elle séjourne en Italie pendant la Grande Guerre avec sa famille. Passionnée par la peinture, elle hérite de l’âme artistique de son père, le compositeur Jean Cras. Elle se fait connaître dès ses 14 ans, où elle expose pour la première fois au Salon d’Automne avec un Saint Sébastien, une Annonciation (réalisée deux ans plus tôt), une Vierge et le Christ et un Saint François d’Assise recevant les stigmates. Les critiques de l’époque la compare aux artistes du Quattrocento par sa « naïve ingénuité » et à sa « fraicheur d’âme », mais également à Gustave Moreau. Cette dernière a en effet, été profondément émue par sa production. Elle expose également, la même année, au Salon des Indépendants avec un tableau d’Orphée, et un autre issu d’un poème d’Omar Khayyâm.
La peintre intègre finalement les Beaux-Arts de Paris à l’âge de 22 ans, et devient l’élève de Paul-Albert Laurens et de Lucien Simon. Elle expose à nouveau au Salon des Artistes Français en 1926, puis au salon des Indépendants, au Salon d’Automne et aux Tuileries. Son style ce modifie et se rapproche des préceptes de Cézanne.
En 1937, elle a l’occasion de voyager au Maghreb grâce à une bourse d’études et passe alors plusieurs mois au Hoggar, où elle retourne cinq ans plus tard. En 1938, grâce à la bourse de la Société Coloniale des Artistes Français, elle découvre l’Afrique Occidentale Française (principalement le Soudan, le Niger et la Côte d’Ivoire). Monique Cras réalise un tour de l’AOF, mais sa bourse ne lui permet pas de se loger à l’hôtel, elle habite chez des européens et les paie en tableautin. Elle expose finalement trente œuvres inspirées par ce voyage au Salon de la SCAF en 1939. Elle peint autant de portraits ethnographiques que des paysages d’Afrique. Quelques années plus tard son art la conduit en Espagne en tant que pensionnaire de la Casa Velasquez, puis à nouveau en Afrique (Sénégal, Mauritanie et Niger). Elle continue son périple jusqu’en Nouvelle-Calédonie dans les années 1950. Ses voyages inspirent profondément sa peinture. Elle réalise des commandes pour l’État Français et la Ville de Paris, la Nouvelle-Calédonie, la France D’outre-mer et l’État Chérifien.
Elle obtient de nombreux prix en France et à l’étranger : prix Chenavrard, deux fois le prix Le Gay-Lebrun, prix Dulac, prix Henner, plusieurs fois le prix Taylor, prix des gouverneurs pour l’Afrique Occidentale Française…
Bien que sa production soit tournée vers l’art colonial, la peintre ne délaisse pas les arts sacrés. Elle continue d’exposer des œuvres religieuses et correspond avec Maurice Denis sur le sujet. Son unique chemin de croix se trouve dans l’église Saint Laurent de Callac depuis 1947.
Monique Cras s’éteint le 17 décembre 2007.
Bibliographie :
Raymond Escholier et Michèle Nicolaï, Dossiers biographiques Boutillier du Retail, Documentation sur Monique Cras, La Vie, Paris, 1943.
Marion Vidal-Bué, L’Algérie des peintres : 1830-1960, Paris-Méditerranée, Paris, 2002, p. 258.
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